Accueil > Bird contre Megalopolis : l’outsider qui a renversé Cannes

Bird contre Megalopolis : l’outsider qui a renversé Cannes

Lorsqu’on a appris que Megalopolis, le projet monumental de Francis Ford Coppola, serait projeté le 16 mai en compétition officielle, tous les regards étaient tournés vers ce retour attendu d’un cinéaste légendaire. Pourtant, c’est un autre film, Bird d’Andrea Arnold, qui a fait chavirer le festival. Porté par une standing ovation de 11 minutes, ce récit intime et poétique a conquis le public et les critiques.

Une réalisation immersive et sensorielle

Dès les premières images, Andrea Arnold nous plonge dans un monde où la frontière entre réalité et onirisme est poreuse. Bird suit le parcours de Bailey, une adolescente livrée à elle-même, incarnée avec une intensité bouleversante par Nykiya Adams. Face à elle, Franz Rogowski, dans le rôle du mystérieux Bird, fascine par sa gestuelle et sa présence animale. Son corps semble habiter l’espace comme un oiseau, en perpétuel mouvement.

Mais le véritable tour de force du film réside dans sa mise en scène viscérale. Arnold filme au plus près de ses personnages, captant chaque frisson, chaque regard avec une intensité brute. Les silences sont lourds de sens, les plans décousus à l’épaule traduisent une urgence, une quête de liberté et d’identité.

Un conte social entre lumière et chaos

Là où Bird excelle, c’est dans son traitement du réalisme social mêlé à une poésie déchirante. Le cadre dégradé de cette banlieue côtière devient un terrain de jeu surréel, où la misère côtoie des moments de pure beauté. Bailey est un papillon en pleine transformation, tentant d’échapper à un quotidien oppressant. Son père, incarné par Barry Keoghan, illumine le film par un charisme instable, oscillant entre la tendresse et une obsession toxique.

L’émotion culmine lorsque Bailey et Bird, deux âmes perdues, trouvent en l’autre un refuge. Leur relation, à la fois fragile et profonde, capture une vérité rare au cinéma, celle d’une rencontre qui change une vie.

Et Megalopolis dans tout cela ?

En face, Megalopolis, projet de toute une vie pour Francis Ford Coppola, a divisé. Entre admiration et perplexité, le film a suscité des réactions contrastées. Ambitieux, révolutionnaire dans sa narration, il a impressionné par sa richesse visuelle, mais aussi laissé certains spectateurs déroutés par son audace. Le festival a toujours été le terrain de confrontations inattendues, et cette soirée du 16 mai restera comme l’une des plus marquantes de cette édition.

Vers un palmarès surprise ?

Alors que la fin du festival approche, une question brûle toutes les lèvres : Bird peut-il créer la surprise et repartir avec la Palme d’or ? Face aux favoris déclarés, notamment Anora de Sean Baker et The Seed of the Sacred Fig de Mohammad Rasoulof, le film d’Arnold semble désormais un sérieux prétendant. Il incarne un cinéma humaniste, où chaque plan vibre d’émotion.

Que le palmarès lui soit favorable ou non, Bird a déjà remporté le cœur des festivaliers. Et c’est peut-être cela, la vraie victoire du cinéma.

Image de La rédaction

La rédaction

Laissez un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Nous ne spammons jamais !