Dans le panorama du cinéma contemporain, le nom de Jean-Luc Godard résonne comme une étoile filante qui a traversé le firmament artistique avec une audace inégalée. Son dernier court métrage, « Scénarios », se présente non seulement comme un adieu émouvant au 7e Art mais aussi comme une célébration de la créativité indomptable d’un réalisateur légendaire. À travers cet article, nous plongerons dans l’essence de cette œuvre posthume, dévoilée dans l’enceinte prestigieuse du Festival de Cannes 2024
L’origine de « Scénarios » : un projet marqué par la résilience
Né des cendres du « Livre d’image » de 2018, « Scénarios » est le fruit d’une ambition qui a bravé les tumultes d’une pandémie mondiale et les assauts répétés de canicules écrasantes. Ce projet, initialement vaste dans sa conception, a été façonné par les mains d’un maître qui n’a jamais cessé de créer, même lorsque les éléments semblaient conspirer contre lui. À cette petite table en bois, Godard a continué à tisser son récit, un collage d’écritures, de peintures, et d’images, affirmant ainsi la résilience de l’artiste face à l’adversité.
Les derniers jours de création : un témoignage de Fabrice Aragno
Fabrice Aragno, collaborateur de longue date de Godard, nous offre un aperçu intime des derniers instants de création du cinéaste. Cinq jours avant son départ, la finalisation de « Scénarios » semblait incertaine. Pourtant, dans un élan de vitalité créative, Godard a partagé sa vision pour le film, un assemblage d’images fixes et d’extraits sonores, avec Aragno.
« Cinq jours avant sa mort, la date du dernier jour nous a été annoncée pour le mardi suivant. Le lendemain, vendredi, Jean-Luc me demande à le voir, je le retrouve en fin d’après-midi, assis à son petit lit, avec sur les genoux, un humble cahier A4 avec « Scénarios » dessiné et écrit au stylo bleu.
En quelques heures, il m’expose le film à faire, composé d’images fixes, d’extraits de films et de sons que nous recherchons ensemble »,
raconte Fabrice.
Malgré l’épuisement physique, l’esprit de Godard restait inébranlable, déterminé à apporter les dernières touches à son œuvre.
La quête du texte perdu : une collaboration miraculeuse
La pièce manquante du puzzle était un texte rare de Sartre, introuvable jusqu’à ce que Jean-Paul Battaggia, dans un acte qualifié de miraculeux, le déniche à Paris. Cette découverte in extremis a permis à Godard de compléter son scénario, ajoutant une couche supplémentaire de profondeur à « Scénarios ». Cet épisode souligne la synergie entre les collaborateurs et la chance qui joue parfois un rôle crucial dans l’acte de création.
La concrétisation d’une vision : les détails du montage final
Dans la fièvre d’une nuit, Aragno a assemblé le film selon les directives de Godard, une course contre la montre pour honorer leur dernier rendez-vous. Le lundi, veille de leur adieu, Godard a révélé la deuxième partie du film, une séquence qui devait capturer sa propre récitation du texte de Sartre. Ce moment, prévu pour être le dernier plan de « Scénarios », symbolise la fusion entre l’artiste et son art, un dernier geste de création avant de tirer sa révérence.
L’adieu de Godard : un dernier plan chargé d’émotion
Le dernier plan de « Scénarios », filmé sur Godard lui-même, est une fenêtre sur l’âme d’un artiste qui a consacré sa vie au cinéma. Assis sur son lit, récitant Sartre, Godard s’est offert à son public une dernière fois, non pas comme un cinéaste, mais comme un poète qui, jusqu’à son dernier souffle, a embrassé la vivacité de la création. Ce plan final est un adieu poignant, un testament à la passion indomptable qui a animé Godard tout au long de sa carrière.
