Dans la frénésie du Festival de Cannes 2024, un film a électrisé la croisette et divisé la critique comme rarement. The Substance, réalisé par Coralie Fargeat, a été projeté en compétition officielle un dimanche soir à 22h, devant un public chauffé à blanc. La salle du Grand Théâtre Lumière a résonné de cris, de rires nerveux et d’applaudissements frénétiques, transformant cette séance en un moment instantanément culte.
Un film d’horreur jouissif et transgressif
Loin de la retenue des productions horrifiques mainstream, The Substance explose les cadres avec une violence graphique assumée et une esthétique outrancière. Le gore y est omniprésent, mais jamais gratuit. Chaque éclaboussure, chaque mutation corporelle traduit un propos plus profond, celui de l’aliénation des femmes face aux normes imposées par la société. Coralie Fargeat ne fait pas dans la demi-mesure : son cinéma est une déclaration de guerre au patriarcat et aux injonctions qui poussent les femmes à vouloir se réinventer en permanence.
Elizabeth Sparkle, incarnée par une Demi Moore magistrale, est une ex-star du fitness télévisé, figure à la fois désuète et obsédée par sa propre image. L’industrie du divertissement l’a rendue célèbre pour son corps sculpté, et c’est ce même corps qu’elle voit inexorablement décliner. Lorsqu’une mystérieuse technologie lui permet de créer une version améliorée d’elle-même, elle s’y jette à corps perdu. Mais à quel prix ?
Un spectacle outrancier mais jamais gratuit
À mi-chemin entre le body horror de Cronenberg et l’irrévérence d’un Paul Verhoeven, The Substance fait exploser les cadres du bon goût et refuse toute subtilité. Le film regorge de symboles visuels puissants : les corps fusionnent, se déchirent, se dédoublent dans une métaphore viscérale de la dualité féminine. Comment coexister avec soi-même quand la société nous impose d’être une autre ?
Le film n’hésite pas à ridiculiser l’obsession contemporaine pour la jeunesse éternelle, à travers une satire acerbe de l’industrie du divertissement. L’émission de fitness où Elizabeth officiait est élevée au rang de sommet de la célébrité, illustrant l’absurdité d’un monde où le physique prime sur tout. La société du spectacle est ici broyée à coups de métaphores sanglantes et de séquences dantesques, où l’humour noir côtoie le malaise.
Un accueil explosif qui en fait un sérieux prétendant à la Palme d’or
Dès la fin de la projection, la rumeur enfle : The Substance pourrait bien être la sensation du festival. Les applaudissements nourris, les cris et les sifflets d’enthousiasme témoignent d’un film qui marque les esprits, qu’on l’aime ou qu’on le déteste. Coralie Fargeat réussit là où peu de films d’horreur osent s’aventurer : imposer un genre souvent snobé par les grandes compétitions comme une œuvre majeure, capable de rivaliser avec les drames les plus sérieux.
Alors que l’annonce du palmarès approche, une question brûle toutes les lèvres : le jury osera-t-il sacrer un film aussi radical, aussi viscéral ? Si l’histoire du Festival de Cannes nous a appris quelque chose, c’est que parfois, les œuvres les plus transgressives trouvent leur place au sommet. Après tout, pourquoi l’horreur ne mériterait-elle pas sa palme ?
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